(Traduction de l'essai de Dan Cudahy, avec son accord, "Basic Economics and Four Types of Advocacy ")
Plaidoyer côté offre contre côté demande
Nous vivons dans une économie de marché constituée de deux facteurs majeurs : l’offre et la demande. Ces 2 facteurs déterminent ce qui s’achète et ce qui se vend et pour combien. Qualitativement, la demande représente les désirs et besoins des consommateurs dans une économie. L’offre représente les efforts des firmes à réaliser du profit pour la demande existante. Au plus forte est la demande pour un produit, au plus fort sera le profit potentiel résultant en une compétition entre fournisseurs afin de satisfaire la demande pour le produit. Si il n’y a pas de demande pour un produit donné, il n’y aura pas d’offre car les firmes ne pourront pas réaliser de profit.
La conclusion la plus importante à tirer des simples faits économiques énoncés ci-dessus est que la demande crée l’offre. Les firmes de marketing peuvent aider un produit à réaliser sa demande potentielle, mais elles ne peuvent pas créer la demande.[1]
Puisque la demande crée l’offre, si nous nous concentrons au changement de la demande, nous pouvons changer l’offre. Mais l’inverse est faux : nous ne pouvons changer la demande en nous concentrant sur l’offre.
Par exemple, la mayonnaise Hellmann® a récemment annoncé qu’elle utiliserait désormais des œufs « au sol » dans sa mayonnaise light. Dans une discussion par rapport à ce changement avec des avocats de la cause animale, j’ai suggéré que si les grandes organisations de bien-être animal insistaient à s’engager dans des campagnes ciblées (car de telles compagnes sont un bon moyen de récolter des fonds), elles pourraient au moins s’engager dans un plaidoyer animal légitime pour faire campagne pour des alternatives vegan dans les restaurants et produits de marque.
Cependant, le problème avec ce genre de campagnes ciblées orientées vegan, c’est qu’elles sont un plaidoyer du côté de l’offre. Pour utiliser l’exemple ci-dessus, assumons que Hellmann® ait développé une mayonnaise vegan pour être en compétition avec Veganaise® et Nayonaise®. C’est seulement si il y a suffisamment de demande que ce sera rentable pour Hellmann® de maintenir ce produit sur le marché et de le développer par après. Si il n’y a pas assez de demande, le produit vegan ne sera pas suffisamment rentable et Hellmann® laissera tomber le produit vegan. Le marché, les dirigeants et les actionnaires s’en fichent de ce qui se vend (ex : produits animaux ou produits vegan), ca leur importe juste que le produit ou service se vende, par exemple : qu’il y ait une demande pour ce produit.
Alors qu’est-ce que ça veut dire pour le plaidoyer animal ? Cela implique forcément que nous devons concentrer virtuellement 100% de notre temps et énergie à augmenter la demande pour les alternatives vegan pour remplacer les produits animaux. La seule manière de faire ça est par l’éducation vegan ; c’est-à-dire, informer les gens sur les raisons pour lesquelles elles devraient devenir vegan et comment le devenir. En créant plus de demande pour des produits vegan via l’éducation, les fournisseurs y répondront en s’adaptant à cette nouvelle demande.
Il ne peut jamais y avoir assez d’éducation vegan. Les nouveaux produits vegan peuvent être retirés des rayons à cause d’un manque de demande ; mais les gens, une fois solidement convaincus que les animaux sont des personnes qui doivent être inclus dans la communauté morale, et une fois éduqués sur la manière d’être vegan, resteront vegan toute leur vie et influenceront les autres, augmentant alors la demande.
Actions pour le bien-être animal contre plaidoyer vegan
Il est incorrect d’appeler « plaidoyer » les actions de réforme du bien-être animal parce qu’un tel paradigme ainsi que les actions en résultant encouragent les gens à continuer de consommer des produits animaux. Le paradigme du bien-être et ses actions sont non seulement neutres et inefficaces ; elles sont dangereuses et contreproductives. A première vue, les actions welfaristes semblent réduire la violence et la souffrance pendant leur mise en valeur temporaire des symptômes du spécisme. Mais sous la surface, le mode de pensée welfariste est lui-même le coeur du problème de l’exploitation. Tous les exploitants d’animaux, quasi sans exception, « prennent très sérieusement en compte le bien-être animal ». C’est parce que la philosophie du bien-être animal accepte, comme principe de base et fondamental, que les animaux non-humains sont là pour être exploités.
L’action welfariste, du à son inefficacité inhérente et son soutien envers l’exploitation animale et l’abattage, aussi bien théoriquement qu’en pratique, est la promotion active de la violence.
Le plaidoyer vegan rejette intrinsèquement toute exploitation animale et la promotion de la violence. Un tel rejet est le cœur du plaidoyer vegan, et est le seul plaidoyer pour les animaux nonhumains.
4 types d’actions
Ci-dessous se trouvent 4 types d’actions séparées selon le fait qu’elles concernent l’offre ou la demande, et si elles sont vegan ou welfaristes.
Les actions de Type 4 sont des actions welfaristes au niveau de l’offre. Elles génèrent la majorité des revenus des grands groupes welfaristes comme PETA et HSUS, ce qui est une des raisons pour laquelle elles sont si habituelles et populaires du point de vue des groupes welfaristes. Elles sont contreproductives car elles encouragent indirectement la consommation de produits animaux. Elles drainent également les ressources des actions vegan niveau demande.
Des exemples d’action de type 4 : ce sont les campagnes ciblées welfaristes, les campagnes de loi sur le bien-être, les campagnes de réforme du bien-être, les campagnes pour un abattage sous atmosphère contrôlée et pour les œufs « au sol », les campagnes pour les cages de grossesse, et les campagnes d’interdiction du foie gras.
Les actions de Type 3 sont des actions welfaristes au niveau de la demande. Elles sont contreproductives car elles encouragent directement la consommation de produits animaux, augmente la demande pour les produits animaux, diminue la demande pour les produits vegan et drainent les ressources des actions vegan niveau demande.
Des exemples d’action de type 3 sont l’encouragement et le cautionnement de « viande heureuse » et la consommation d’œufs « au sol » ou « plein air ». Un exemple classique de déclaration de type 3 est : « Si vous voulez absolument en manger, au moins choisissez des œufs « au sol » ou « plein air ». Si nous ne dirions pas : « Si vous comptez quand-même tuer ou violer, au moins ne frappez pas la victime autant de fois que vous le feriez normalement », alors nous ne devrions pas dire ce genre de choses par rapport à la consommation de produits animaux. Le silence vaut mieux que des déclarations de type 3.
Les actions de Type 2 sont des actions vegan niveau offre. A part si vous êtes propriétaire d’une entreprise vegan, ces actions font peu ou rien pour diminuer la demande de produits animaux ou pour augmenter la demande de produits vegan. Etre gérant d’une entreprise vegan est une excellent action de plaidoyer. Toutes les autres actions vegan niveau offre, bien que pas nécessairement contreproductives, drainent des ressources des actions vegan niveau demande, et la plupart du temps (comme les campagnes anti-fourrure), sont contreproductives car elles encouragent le spécisme à cause de leur exposition limitée du problème.
Des exemples d’action de Type 2 sont : demander des produits vegan chez les grossistes et dans les restaurants (comme outil de plaidoyer ; pas parce que vous souhaitez simplement un certain produit) ; les campagnes pour des produits vegan (par ex : faire campagne pour Hellmann® pour qu’il développe et mette sur le marché une mayonnaise vegan) ; être propriétaire et diriger un restaurant vegan (encore une fois, très bonne forme de plaidoyer, en grande partie car il inclut les actions de Type 1) ; développement de produits vegan ; campagnes ciblées d’élimination (spécistes et complètement inutiles à moins qu’on ait éliminé la demande).
Les actions de Type 1 sont des actions vegan niveau demande. Elles diminuent la demande de produits animaux tout en augmentent simultanément la demande de produits vegan. Grâce à leur travail sur la demande et l’éducation vegan, les actions vegan niveau demande sont les seules actions capables d’éventuellement abolir l’exploitation animale.
Des exemples d’action de Type 1 sont : l’éducation vegan (expliquer pourquoi et comment devenir vegan à l’aide de divers médias et opportunités) ; l’éducation abolitionniste (expliquer les similitudes juridiques ainsi que les nombreuses autres entre l’esclavagisme humain pur et simple et l’esclavagisme moderne des nonhumains) ; blogs de cuisine vegan et cours de cuisine ; éduquer les collègues défenseurs et autres par rapport aux problèmes avec le welfarisme et les campagnes ciblées.
Important: A moins de diriger un commerce vegan (qui est principalement une action niveau offre), nous devrions passer entre 97% et 100% de notre temps consacré au plaidoyer animal à des actions de Type 1, actions vegan niveau demande et le reste du temps, si on en a, à des actions vegan niveau offre, de type 2. Nous devrions toujours rester totalement à l’écart des actions néfastes welfaristes de Type 3 et 4.
Les actions welfaristes sont populaires car elles acceptent la croyance violente et spéciste de notre société que les animaux nonhumains sont là pour qu’on les exploite et qu’on les tue, mais elles sont contreproductives car en acceptant cela, elles promeuvent et renforcent cette croyance. Les actions welfaristes font partie d’un cercle vicieux.
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Note:
[1] Les entreprises de marketing sont dans le business de la réalisation de la demande potentielle de produits, mais les réalisations qu’elles sont capables de générer consistent à rendre le consommateur attentif à un certain produit ou service à l’aide de méthodes psychologiques variées de stimulation de l’intérêt potentiel du consommateur pour ce produit. La commercialisation d’un produit peut seulement remplir la demande potentielle d’un produit ; elle ne peut créer la demande. Nous pouvons commercialiser un produit ou service fortement indésirable de la manière que l’on veut, mais si le produit n’a pas de demande à la base, il ne se vendra pas.
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Note:
[1] Les entreprises de marketing sont dans le business de la réalisation de la demande potentielle de produits, mais les réalisations qu’elles sont capables de générer consistent à rendre le consommateur attentif à un certain produit ou service à l’aide de méthodes psychologiques variées de stimulation de l’intérêt potentiel du consommateur pour ce produit. La commercialisation d’un produit peut seulement remplir la demande potentielle d’un produit ; elle ne peut créer la demande. Nous pouvons commercialiser un produit ou service fortement indésirable de la manière que l’on veut, mais si le produit n’a pas de demande à la base, il ne se vendra pas.
Dis donc, 97% c'est vachement précis!
RépondreSupprimerJe suis globalement d'accord avec cet article, mais je pense quand même que les actions de type 2 pourraient être abordées plus en détail, au moins au niveau local. Là ou je mettrais un très léger bémol dans le raisonnement, c'est que quand on utilise "100% de son temps" à faire quelque chose, on part du principe qu'on a un temps limité à utiliser pour les animaux, alors qu'en réalité, le temps qu'on utilise dépend aussi du contexte. Et c'est là que je ne comprend pas pourquoi l'auteur dit qu'il faut demander aux magasins de développer une offre végane "comme outil de plaidoyer ; pas parce que vous souhaitez simplement un certain produit". Car vouloir un certain produit est aussi une forme de plaidoyer, c'est une façon de dire "une demande existe pour tel produit" et ça peut aussi jouer sur la demande.
Par exemple, mettons que je cherche un repas de midi près de mon travail. Je vais aller à la boulangerie, je ne vais rien trouver. Je vais donc leur faire remarquer, leur demander si c'est possible de faire un sandwich végétal, leur donner quelques pistes. Et ils vont peut-être en faire un, et il va peut-être se vendre. Evidemment s'il n'y a personne pour l'acheter, ce sera inutile. Mais je n'aurai pas pris 3% de mon "temps pour les animaux", j'aurai toujours autant de ressources pour les actions de type 1. Ce sont de petites choses du quotidien qu'on peut faire. L'exemple est d'ailleurs réel, j'ai un ami qui cherchait des sandwichs pour le midi, le premier jour il n'y avait rien pour lui à la boulangerie, maintenant elle propose pas un mais plusieurs sandwichs végétaux que les gens achètent.
Oui je ne sais pas d'où il tient cette statistique mais en gros on peut être d'accord que l'agriculture animale représente une immense partie de l'exploitation animale.
RépondreSupprimerD'accord avec toi, je n'ai pas trop compris en quoi demander une alternative vegan pour soi dans un supermarché n'est pas une forme de plaidoyer.