mercredi 14 décembre 2011

[Traduction] Abolitionnisme vs Neo-welfarisme: un contraste en théorie et en pratique

(Traduction de l'essai de Dan Cudahy, avec son accord, "Abolitionnisme vs Neo-Welfarisme: Un contraste en théorie et en pratique")


Un contraste en théorie

L’approche abolitionniste est une approche basée sur les droits qui identifie le cœur du problème de la violence infligée à des êtres sentients innocents dans le fait que ces êtres soient considérés comme des propriétés, des marchandises, et « choses » selon la loi. Ce statut de propriété, marchandise et chose est à la source de notre « schizophrénie morale » en regard des êtres nonhumains. Aussi longtemps que les nonhumains seront considérés comme des « choses » ou marchandises que l’on possède au lieu d’êtres semblables à nous qui ont des intérêts importants dans leur vie, nous continuerons à torturer et tuer des dizaines de milliards d’entre eux alors que nous sommes d’accord que ça serait horrible si quelqu’un faisait cela à de jeunes enfants ou orphelins (malgré les similitudes flagrantes en mentalité, sentience, et innocence entre les êtres nonhumains et les jeunes enfants). De là, l’approche abolitionniste telle qu’elle est aujourd’hui réclame un seul droit pour les nonhumains sentients innocents : le droit de ne pas être la propriété de quelqu’un. Mais tant que nous continuerons à consommer la chair et les fluides corporels de ces êtres, ce droit ne pourra jamais être atteint. Donc, le seul moyen dont nous disposons pour briser l’holocauste perpétuel socialement approuvé et la schizophrénie morale ainsi que pour nous approcher de ce droit pour les nonhumains est de devenir vegan et d’encourager les autres à faire de même. Donc, autant de manière morale que pratique, l’éducation vegan est la seule activité qui tombe sous le sens si notre but est d’atteindre une norme minimale de décence et une civilisation concernée par les êtres nonhumains.

L’approche neo-welfariste, en contraste avec l’approche abolitionniste, est une approche utilitariste et un fatras bizarre et confus de welfarisme traditionnel et de philosophie de « libération animale ». D’un côté, les neo-welfaristes veulent « libérer » les animaux de la tyrannie des « fermes industrielles ». De l’autre côté, les neo-welfaristes voient (incroyablement) la régulation de l’holocauste perpétuel comme un moyen d’atteindre une telle « libération » (malgré 200 ans de welfarisme résultant en une cruauté grandissante, aussi bien en gravité qu’au nombre ahurissant de victimes). Les neo-welfaristes s’engagent dans l’éducation ‘vegan’, mais, parce que le traitement plutôt que l’utilisation est le principal problème selon eux, ils voient généralement le veganisme comme un « boycott (temporaire ?) de la cruauté » et seulement comme un « moyen (optionnel ?) de réduire la souffrance » plutôt que comme norme minimale de décence.

L’Enfer Est Pavé de Bonnes Intentions et un Cycle Economique Permanent Sans but lucratif : Welfaristes « contre » la force de l’Industrie

La force de l’industrie est sa richesse et sa puissance financière, qui se traduit en puissance médiatique, publicitaire et informative, ainsi qu’en puissance politique et législative. La faiblesse de l’industrie est qu’elle est moralement déplorable et est un désastre environnemental (le désastre écologique deviendra encore plus évident lorsque les marchés asiatiques augmenteront la demande en produits animaux). Nous ne pouvons pas battre un opposant de la taille et de la puissance de l’industrie en évitant généralement ses faiblesses et en tentant d’affronter ses forces, et pourtant c’est exactement ce qu’essaye le mouvement neo-welfariste.

Avec les campagnes de réforme du bien-être, le mouvement neo-welfariste vise à au moins affaiblir l’industrie via la législation, et encore plus ambigu, vise à légiférer et à réglementer l’industrie. La plupart des neo-welfaristes appellent leur approche : approche à « deux voies », et ils pensent que les régulations font partie intégrante du ‘démantèlement’ du géant. Une voie selon eux est l’éducation ‘vegan’ (quand bien même ‘vegan’ étant simplement un ‘boycott’ ou un ‘moyen’) ; l’autre étant la régulation du bien-être.

Mais cette approche consistant à rendre la régulation du bien-être une partie substantielle de l’élimination de l’agriculture animale revient à jouer sur le terrain et sur la force de l’industrie en

  1. Les attaquant là où ils sont forts (en politique, législation, et arrangement ; voir ci-dessus)
  2. Détournant les ressources de leur point faible (détournant les ressources de l’éducation vegan) 
  3.  Renforçant la structure légale et le paradigme des droits de propriété sur lequel est fondé l’exploitation animale


Aussi longtemps que les animaux seront considérés comme des propriétés et des marchandises, il sera impossible d’équilibrer correctement leurs intérêts face aux intérêts humains. Ce n’est pas « simplement de le théorie légale », comme le clament certains neo-welfaristes (quand bien même en théorie légale isolée, le problème du statut de propriété est massivement considéré comme insurmontable du au pouvoir juridique écrasant des droits de propriété par rapport aux régulations, à titre de hiérarchie intrinsèque des concepts légaux [qui ont des conséquences bien réelles]).

En vérité, nous avons également la preuve empirique flagrante que c’est le cas en observant les efforts interminables, des siècles durant, pour réguler l’esclavagisme pur et simple, qui resta vicieusement cruel jusqu’à la fin. Comme preuve supplémentaire, les lois de bien-être animal ont tenté de réguler l’utilisation depuis maintenant 200 ans, et les animaux sont traités plus cruellement et en plus grand nombres que jamais.

      Bien que nous n’ayons pas besoin d’un chercheur en histoire de l’esclavage pour attester de l’échec cuisant des lois et réformes de bien-être des esclaves, il y a un éminent chercheur, non-vegan, de l’histoire de l’esclavage, Alan Watson, qui est entièrement d’accord avec Gary L. Francione

  1. Sur ce fait historique empirique 
  2.  Que le problème du statut de propriété empêchera un changement significatif dans l’utilisation et le traitement des animaux tant qu’il n’est pas aboli.

Pour citer le professeur Francione dans Animals as Persons (p. 162), « Les intérêts des esclaves ne seront jamais considérés comme similaires aux intérêts des propriétaires d’esclaves. Les intérêts des animaux qui sont des propriétés ne seront jamais considérés comme similaires à ceux des propriétaires humains. »

De plus en plus de réglementations ajoute une structure de régulation à l’exploitation animale, soutenue à terme par plus de bureaucratie, plus de jobs d’inspecteur, et plus de « légitimité » pour l’entreprise entière, enfonçant les animaux plus profond que jamais dans le statut de propriété et de marchandise. Il est vrai que plus de réglementation crée une pression à court-terme sur les marges bénéficiaires de l’industrie, mais l’industrie est très résiliente et dispose d’un nombre d’options pour rétablir les marges bénéficiaires, ce qui comprend le déplacement de l’activité dans des juridictions légalement moins restrictives (dont d’autres juridictions internationales).

En plus de renforcer le paradigme propriété/marchandise, nous devons nous demander, quel message ces campagnes de réglementation du bien-être envoient au public ? Le message, quand ces réglementations sont promues par les soi-disant organisations de « droits » des animaux, est que les animaux sont là pour être exploités et tués, nous devons juste le faire plus ‘humainement’ en le réglementant plus. De même, une fois l’accord, le règlement, ou la loi de bien-être approuvée (mais généralement pas appliquée), la perception erronée du public est que nous exploitons et tuons plus ‘humainement’ (donc vous pouvez vous sentir un peu mieux ; après tout, il y a des ‘inspecteurs’ s’inquiétant de chaque animal comme s’il était leur propre fille). Est-ce que ça déplace le paradigme d’une quelconque manière ? Non, il est évident que non. En fait, les gens se sentent plus à l’aise que jamais par rapport aux animaux comme marchandises.

Quelle motivation a une organisation  neo-welfariste à faire ces campagnes ? Victoires ! Et les ‘victoires’ amènent plus de dons, entretenant de façon permanente le cycle économique basique des organisations. Si une campagne est directement ‘contre’ un exploitant particulier, comme dans le cas de KFC Canada et PETA, PETA effectuera en réalité une campagne de relations publique pour le compte de l’exploitant comme partie du deal. PETA gagne et peut crier ‘victoire’ auprès de ses donateurs, entretenant le cycle sans fin de plus de dons et campagnes. KFC Canada gagne l’approbation de PETA. Les clients gagnent le fait d’être joyeusement trompés en pensant que les poulets de KFC sont traités ‘humainement’. Les animaux ? Ben, PETA, KFC Canada, et les clients de KFC ont frappé un grand coup ; qu’est-ce que vous voulez de plus ?

Considérez le cas de HSUS (une organisation de bien-être traditionnelle) et Farm Sanctuary et la proposition 2 californienne en novembre 2008. HSUS et Farm Sanctuary se sont vantés d’avoir fait passer la proposition 2, qui n’entre pas en application avant 2015, et lorsque elle passera (si elle passe), ça ne se traduira pas en une quelconque baisse significative de souffrance (surtout comparé à la perception publique de la baisse). Pire encore, si certains exploitants n’aiment pas la proposition 2, ils relocaliseront simplement dans un autre état ou au Mexique et enverront par bateau les produits en Californie. Pour plus d’information sur les campagnes ciblées et de bien-être qui sont si populaires parmi ces organisations neo-welfaristes, consultez Cueillir le fruit à portée de main : qu’est-ce qui ne vapas avec les campagnes ciblées ?

Il est intéressant de prendre note que HSUS et PETA vendent leurs réformes de bien-être à l’industrie selon la profitabilité que cela impliquera pour l’industrie, agissant essentiellement en tant que conseillers stratégiques. Certaines réformes de bien-être, comme la « mort par atmosphère contrôlée »  ou l’élimination des cages de gestation, sont des réformes que l’industrie comptait de toute façon faire dans un souci de profit. Pour des preuves solides du partenariat industrie-welfaristes en action, consultez les nombreux liens de l’article Les quatre problèmes du mouvement en faveur du bien-êtreanimal : en résumé

Au final, comme l’a mainte fois dit Gary L. Francione, c’est un jeu de somme nulle. Chaque effort réalisé et chaque dollar dépensé par une organisation vegan ou pro-vegan dans le mouvement de bien-être est un effort et un dollar directement éloigné de l’éducation vegan. Les efforts éducatifs vegan sont causalement connectés aux préoccupations de bien-être, mais l’inverse est faux. Les préoccupations de bien-être ne sont pas connectées à l’éducation vegan. Seul l’éducation vegan en soi crée de nouveaux vegans. Pour l’instant, bien trop d’argent et d’effort du mouvement animal sont dirigés vers le bien-être (pour les abolitionnistes, aucune ressource ne devrait être dirigée vers le bien-être).

Pour plus d’infos à ce sujet, consultez les liens suivants :

Que faire de la proposition 2 ?


Une toute nouvelle approche ou simplement plus de welfarisme?


La grande victoire du neo-welfarisme

TheIndustry-Welfarist Partnership
(anglais)

La Route de la Justice est Pavée d’Education Vegan Créative, Non-violente : Abolitionnistes contre les Faiblesses de l’Industrie

J’expliquais dans la section précédente que la force de l’industrie de l’agriculture animale est sa richesse et sa taille, ce qui se traduit en puissance politique, législative, médiatique et de négociation. Sa faiblesse est qu’elle est moralement déplorable et un désastre environnemental, et que le véganisme est profondément satisfaisant, délicieux et sain. La plupart des gens, cependant, ne sont pas au courant de ce que fait exactement l’industrie ; comme elle est cruelle aussi bien intensivement qu’en magnitude ; ce qu’est le spécisme et comment il est identique au racisme, sexisme, hetero-sexisme et autres préjudices ; et comment, pourquoi et de quelles manières l’industrie est si catastrophique pour l’environnement. La plupart des gens ne sont également pas au courant du fait que la nourriture vegan soit si délicieuse et satisfaisante, surtout en 2009, avec plus de choix que jamais. Les possibilités d’éducation sont immenses, si seulement nous y consacrions plus de ressources.

Il y a trois (ou quatre, selon la manière dont vous les comptez) catégories principales d’éducation vegan qui, combinées, fourniraient des raisons exceptionnellement fortes et positives pour insister sur l’élimination permanente de l’agriculture animale, et par rapport auxquelles l’industrie et le public général n’ont pas de réplique adéquate (« mais c’est tellement bon » a l’air si absurde en regard de ces 3 catégories d’éducation vegan).

La question morale

Deux personnes d’intelligence approximativement similaire, mais de race ou sexe différent, devraient obtenir une considération égale en regard de leur intérêt important à une éducation universitaire, basé uniquement sur le critère de leur intelligence similaire. Le préjugé culturel irrationnel du racisme et sexisme ignore la similitude moralement pertinente de l’intelligence, et reconnait à la place la différence non-pertinente de la race et du sexe.

De la même manière, deux êtres de sentience approximativement similaire, mais d’espèce différente, devraient obtenir une considération égale en regard de leur intérêt important à ne pas être réduit en esclavage, exploité, ou tué, basé uniquement sur leur sentience similaire. Le préjugé culturel irrationnel du spécisme ignore la similitude moralement pertinente de la sentience, et reconnait à la place la différence non-pertinente de l’espèce.

Nous ne sommes pas très loin en philosophie morale ici. En effet, un enfant stupide de 10 ans ne devrait avoir aucun problème à comprendre l’argument moral ci-dessus. Pourquoi est-ce que le mouvement des droits des animaux et vegan ne diffuse pas cet argument basique et irréfutable constamment pendant des années, tout comme une publicité célèbre, jusqu’à ce qu’il fasse partie du psyché collectif du public général, comme élément majeur de l’éducation vegan. La seule réponse de l’industrie serait de réitérer leur préjugé irrationnel. Certes, à notre époque, le public partage généralement le sectarisme de l’industrie sur cette question, mais avec le temps, cela devrait être de plus en plus difficile d’adopter ce préjugé dans toute discussion sérieuse. Au final, la vérité sur la question pèsera lourdement sur la conscience des personnes décentes, et le changement surviendra, peut-être plus rapidement que ce que la plupart d’entre nous pensent aujourd’hui.

La question environnementale

Comme énoncé dans mon essai intitulé On the Environmental Disaster of Animal Agriculture et les liens importants inclus, il est évident que l’agriculture animale est le pire ennemi de l’environnement et d’un futur durable.

Vu que l’agrobusiness animal croit en Asie et sur d’autres marchés, ajoutant 3 milliards voir plus de personnes comme clients et quadruplant le nombre d’animaux mis au monde, élevés et abattus par rapport au nombre actuel d’approximativement 50 milliards par an, il est clair que les effets à long-terme (peut-être même les effets à court-terme) amèneront la chute de la biosphère de la Terre. Nous ne pouvons simplement pas nous permettre les excès gloutons que l’agriculture animale et la technologie moderne ont permis. Notre survie en tant qu’espèce dépend de notre réveil vis-à-vis de l’impact de l’agriculture animale sur le futur.

Nutrition et nourriture vegan

En parallèle au fait que la plupart des gens ignorent complètement les détails choquants et horribles de la vie des ‘animaux de nourriture’, le spécisme, et le désastre environnemental créé par l’agriculture animal, la plupart n’ont aucune idée de ce que les vegans mangent ou des qualités nutritionnelles et satisfaisantes du régime alimentaire végétalien. Heureusement, il y a un grand nombre de blogs sur la nourriture vegan disponibles sur le web de nos jours, et le régime alimentaire végétalien est approuvé par l’association diététique américaine et d’autres organisations importantes et scientifiques. Mais il y a encore une formidable opportunité inexploitée pour l’éducation nutritionnelle et culinaire vegan, notamment l’éducation sur les effets nuisibles  du régime alimentaire standard sur la santé publique, qui est fort en graisses animales dommageables, notamment en cholestérol. Toute personne qui facilite la transition non-vegan > vegan pratique une éducation vegan efficace à cet égard.

Education vegan et neo-welfaristes


Comme expliqué dans la section précédente, les neo-welfaristes s’engagent dans ce qu’ils appellent un « activisme à deux voies », une voie étant l’éducation vegan et l’autre étant la réforme du bien-être. Donc, comme deuxième action par rapport au plaidoyer pour le bien-être, les neo-welfaristes s’engagent déjà dans beaucoup d’actions qui tombent dans les catégories ci-dessus. Mais dans la mesure où ils prennent du temps et de l’argent pour des réformes de bien-être ou des campagnes ciblées alors que l’opportunité pour l’éducation vegan est tellement vaste, ils occasionnent un
  grave cout d’opportunité sur le progrès réel de la société. Sans même mentionner le message confus et contradictoire qu’ils envoient, que j’ai mentionné plus haut, qui n’a pas seulement pour action de renoncer à l’opportunité, mais est contreproductif et régressif.


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