(Traduction de l'essai de Dan Cudahy, avec son accord, "Picking the Low-Hanging Fruit: What Is Wrong with Single Issue Campaigns? ")
Introduction
Une campagne ciblée (ici référencée en tant que « CC » ou « campagne ») peut être de 2 types différents : les campagnes orientées bien-être animal (welfarisme) et les campagnes orientées élimination. Les CC peuvent également être de courte durée ou être la mission entière d’une organisation durant toute sa durée de vie. La différence principale entre les deux est que les CC orientées bien-être se concentrent sur la simple réforme d’une industrie d’exploitation, alors que les CC orientées élimination se concentrent sur l’élimination entière d’une industrie d’exploitation. Puisque certaines industries ne sont que de simples filiales d’industries plus larges (par exemple l’industrie du foie-gras est une filiale de l’industrie de l’agriculture animale), certaines CC peuvent être des CC orientées élimination contre une filiale, tout en étant une sorte de CC orientée bien-être en regard de l’industrie principale.
Une campagne ciblée (ici référencée en tant que « CC » ou « campagne ») peut être de 2 types différents : les campagnes orientées bien-être animal (welfarisme) et les campagnes orientées élimination. Les CC peuvent également être de courte durée ou être la mission entière d’une organisation durant toute sa durée de vie. La différence principale entre les deux est que les CC orientées bien-être se concentrent sur la simple réforme d’une industrie d’exploitation, alors que les CC orientées élimination se concentrent sur l’élimination entière d’une industrie d’exploitation. Puisque certaines industries ne sont que de simples filiales d’industries plus larges (par exemple l’industrie du foie-gras est une filiale de l’industrie de l’agriculture animale), certaines CC peuvent être des CC orientées élimination contre une filiale, tout en étant une sorte de CC orientée bien-être en regard de l’industrie principale.
Les campagnes ciblées orientées bien-être animal.
Les CC orientées bien-être sont le noyau dur du business et le cycle de revenus de presque tous les grands groupes de bien-être animal (welfaristes). Les grands groupes welfaristes, comme PETA, anticipent et sélectionnent ce qu’ils considèrent comme une cible gagnable – souvent dans un domaine pour lequel l’industrie est de toute façon prête à passer au changement ciblé pour des raisons de profit – et génèrent des campagnes de donation et de relations publiques pour « encourager » l’industrie à effectuer ce changement quelques mois ou quelques années plus tôt que ce qu’ils auraient effectué sans l’insistance du groupe welfariste.
Bien entendu, lorsque les CC sont présentées aux donateurs, les groupes welfariste dramatisent la résistance de l’industrie aux changements proposés pour justifier un appel aux armes immédiat sous la forme d’un « envoyez-nous MAINTENANT votre argent ou nous perdrons cette campagne !! ». Ce que les groupes welfaristes soit minimisent, soit ne mentionnent pas aux donateurs, sont les négociations avec l’exploitant animal ciblé, qui soulignent généralement à l’exploitant la manière dont la campagne peut être une situation « win-win » pour le groupe welfariste et l’exploitant si l’exploitant laissera finalement la « victoire » au groupe welfariste. Donc le décor est planté, les volontaires (qui sont également généralement dans le brouillard par rapport aux gains engrangés et au partenariat industrie-groupe welfariste) sont mobilisés, et l’argent coule à flot pour l’organisation welfariste et dans les poches de ses responsables sous forme de jolis salaires et bonus.
Après des semaines ou des mois de campagne, la plupart du temps effectuée par des membres du staff moins payés et un petit régiment de volontaires, la compagnie exploitante ciblée : 1) a affiché une « résistance » adéquate 2) a couté aux donateurs du groupe welfariste pas mal d’argent et a couté pas mal d’énergie et de temps aux volontaires et 3) calcule que ce serait le moment profitable optimal pour « céder face à la pression » et marquer son accord face aux demandes du groupe welfariste pour le win-win auquel aspire le partenariat welfariste-industrie. Le groupe welfariste (par ex PETA) a reçu son lot de donations, peut crier « VICTOIRE !!! » à ses donateurs et au public aussi fort que possible, et obtient un futur statut de « chien de garde » de l’industrie aux yeux de ses donateurs. L’exploitant visé obtient une pub gratuite et une promo par le groupe welfariste dans un « tout est bien qui finit bien ». Pendant ce temps, n’importe quel coût subi par l’exploitant ciblé est plus que compensé par la bonne volonté publique générée par le groupe welfariste et le fait que le changement ciblé est presque toujours un avantage stratégique à long-terme pour l’exploitant, qui se serait de toute façon produit, peu importe les campagnes le pressant de le faire.
Les campagnes ciblées orientées élimination.
Comme décrit ci-dessus, les CC orientées élimination diffèrent principalement des CC de bien-être dans le sens où elles ciblent une industrie plutôt qu’une pratique dans cette industrie. Généralement, l’industrie ciblée est une filiale d’une grande industrie principale. Par exemple, la course de chiens, la course de chevaux, les combats de chiens et combats de coqs sont des filiales de l’industrie principale des animaux de divertissement. L’industrie du foie-gras est une filiale de l’industrie principale de l'agriculture animale. L’industrie du phoque est aussi bien une filiale de l’industrie de la chasse et de la pêche que de l’industrie de l’agriculture animale.
Beaucoup des mêmes groupes welfaristes qui se spécialisent dans les CC de bien-être s’engagent également dans des CC d’élimination. Bien que les CC d’élimination peuvent être très rentables pour la plupart des groupes qui s’y engagent, elles ne sont pas aussi rentables que les campagnes de bien-être car la plupart du temps l’opportunité « win-win » avec l’industrie ciblée est diminuée ou entièrement perdue. Dans les campagnes d’élimination – avec une grosse exception expliquée dans le paragraphe suivant --, il n’y a pas de négociation avec l’exploitant ciblé. Néanmoins, des organisations entières fonctionnent financièrement grâce aux campagnes d’élimination et de telles campagnes peuvent être très lucratives sans forcément changer l’attitude morale de la société vis-à-vis des animaux, si pas du tout. La fourrure va et vient niveau mode, le massacre des phoques est plus ou moins banal, mais en général les attitudes morales envers les animaux changent très peu. En fait, lorsque ces industries subsidiaires ont un « regain », elles l’ont souvent avec énormément de succès, tel que l’industrie de la fourrure, du veau et des phoques en ont eu dans la première partie du 21e siècle.
La grosse exception mentionnée dans le paragraphe précédent est la pseudo-campagne d’élimination qu’on présente au public en tant que « campagne d’élimination », mais qui est en réalité une législation proposée, négociée avec l’exploitant ciblé et les lobbyistes de l’exploitant et les politiciens pour « interdire » une certaine pratique avec une période de grâce de quelques années qui permettront à l’exploitant de continuer l’abus en question et d’inventer des pratiques alternatives (par ex : des réformes de bien-être) pour garder en vie l’industrie. L’exemple classique de phénomène est l’ « interdiction » californienne sur la production de foie gras à dater de 2012 (si elle n’est pas contournée d’ici là par des nouvelles méthodes de production de foie gras). (Voir : Part II. B. 3. in this Duke Law School link for more information on the so-called "ban" in California. )
Les problèmes des campagnes ciblées.
Les problèmes des campagnes ciblées.
Bien qu’il soit compréhensible, d’un point de vue croissance économique ou business, que les groupes welfaristes s’engagent dans des CC (les CC sont d’excellents moyens de générer des fonds comme expliqué plus haut), il y a quelques problèmes avec les CC qui sont fatals du point de vue d’un quelconque changement significatif, durable dans l’attitude morale de la société envers les êtres non-humains.
Cueillir le fruit à portée de main.
De façon pratique, l’un des plus grands problèmes avec les CC est qu’elles concentrent la majeure partie de l’argent, du temps et de l’énergie du mouvement des droits des animaux sur les alentours (le « fruit ») de l’arbre de l’abus et de l’exploitation animale tout en ignorant les racines, le tronc et la sève de l’exploitation. Les parties spécifiques des alentours sur lesquelles on se concentre sont perçues comme étant (mais ne le sont pas nécessairement) les abus les plus énormes.
Les nouveaux welfaristes (ex : ceux qui supportent les CC et réformes de bien-être comme moyen d’abolir la cruauté animale) appellent ironiquement ces énormes abus « le fruit à portée de main » car le public est généralement d’accord avec les groupes welfaristes par rapport à ces problèmes. Je dis que l’appellation « fruit à portée de main » est ironique car elle aide également à expliquer pourquoi les CC (ex : cueillir le fruit à portée de main) sont tellement inefficaces pour changer la société.
Premièrement, l’unique raison pour laquelle les fruits sont « à portée de main » est précisément parce que la plupart de la société est déjà d’accord avec le fait d’éliminer ces pratiques. « A portée de main » est synonyme de « suivre le mouvement » ou « accepter le statut quo ». Deuxièmement, quelle est la nature du « fruit » ? Il est doux et il réapparait sur l’arbre de l’exploitation animale. Cueillir le fruit à portée de main (par ex : sponsoriser les CC) est agréable parce que ça sympathise le public général envers les organisations welfaristes, remplit les coffres des organisations, et permet à l’organisation de crier « victoire » de manière régulière. Et comme ces problèmes/ « victoires » sont un fruit métaphorique, les problèmes ressurgissent après quelques années, fournissant une source inépuisable de fruit pour le futur tout en ne touchant pas du tout à l’arbre de l’exploitation et de la cruauté.
Donc, les millions de dollars qui sont investis dans le mouvement animal sont utilisés pour cueillir le « fruit » facile, financièrement lucratif, de l’arbre de l’exploitation animale au lieu d’être utilisés pour abattre l’arbre. Plus tard dans cet essai, je parlerai de l’abattage de l’arbre, mais pour l’instant, j’aimerai discuter de deux autres problèmes des CC et de « l’activisme côté-offre ».
Libre-échange global
Nous vivons dans un monde ou la globalisation dans le libre-échange est bien présente et en augmentation. Vu les bénéfices économiques du libre-échange global, il est hautement improbable que cette tendance s’estompe ou s’inverse. Les implications d’un tel commerce international libre sont que si on rend illégale une pratique d’une industrie dans une ville, état ou pays, les exploitants d’animaux s’installeront simplement dans un état ou pays moins restrictif et exportera ses produits là où se trouve la demande. Puisque la demande a bien plus d’influence sur l’offre qu’inversement (ex : le client est toujours roi), ça n’a jamais vraiment été financièrement efficace de se concentrer sur la limitation des fournisseurs en premier lieu, sauf peut-être pour les attaquer pour publicité mensongère. Dans une économie globale, où un fournisseur peut facilement s’installer dans un état ou pays moins restrictif, il est devenu tout simplement absurde de concentrer les changements sociaux sur les fournisseurs.
Mais aussi absurde qu’il soit de se concentrer sur les fournisseurs dans une économie globale, c’est exactement ce que font les CC, surtout les CC de bien-être et les CC se concentrant sur les marchandises exportables. Si nous éliminons l’abattage des chevaux aux Etats-Unis, les exploitants vont simplement envoyer les chevaux par bateau vers le Mexique et les abattre là-bas. Si nous éliminons les cages de ponte aux Etats-Unis ou en Australie, les fournisseurs vont simplement déménager leurs cages au Mexique ou un autre pays européen, plus souple, et renvoyer les œufs vers les pays plus restrictifs.
Donc, les CC se concentrant sur la réforme ou l’élimination de la production de marchandises exportables (ex : CC sur les cages de ponte, les couvoirs, et l’abattage par étouffement) sans changer la demande pour de telles marchandises, peuvent enrichir des organisations welfaristes, car les donateurs ont été trompé en donnant leur argent pour de telles campagnes, mais ces CC sont vouées à échouer dans le changement de l’attitude de la société et son comportement si la demande n’est pas ciblée. Nous devons concentrer les ressources du mouvement des droits des animaux pour changer la demande.
Les CC entretiennent le spécisme.
Le troisième problème avec les CC est que, si elles ne demandent pas la fin de TOUTE l’exploitation animale et ses abus, elles entretiennent le spécisme. Les CC font cela en suggérant, via le silence par rapport à d’autres formes d’exploitation, que les formes d’exploitation autre que celle sur laquelle se concentre la CC sont soit pas aussi importantes ou pas importantes. Les CC peuvent éviter ce problème en faisant passer un message clair et central que TOUTE l’exploitation animale est immorale et doit être abolie, mais elles ne mentionnent presque jamais les autres formes, et ne les rendent encore moins centrales.
Donc, dans la mesure où on se concentre sur l’horreur qu’est l’achat de la fourrure, mais ignorons l’horreur qu’est l’achat de cuir ou d’œufs, nous sous-entendons que seule la fourrure est le problème. Quand on se concentre sur les veaux, comme l’a fait le mouvement dans les années 80 et 90, nous sous-entendons que la consommation de produits laitiers est ok, même si l’industrie de veau n’est rien de plus qu’un sous-produit de l’industrie laitière.
Les promoteurs de CC pourraient être en désaccord car mentionner toutes les autres formes d’exploitation ou même les formes liées (comme le lien veau - produits laitiers) pourrait avoir comme résultat une résistance du public envers cette campagne. Ce qu’on implique ici est que le groupe welfariste ne recevra pas de dons ni la sympathie du public. Et bien, tant que nous insisterons pour pacifier le public au lieu d’éduquer le public, nous n’irons nulle part. Nous ne voulons pas offenser le public car nous ne pouvons pas éduquer les gens si ils sont fâchés avec nous, mais nous devons trouver des moyens créatifs et intelligents pour faire passer notre message plutôt que de dire aux gens ce qu’ils savent déjà et acceptent.
La solution : attaquer le tronc; abattre l’arbre.
Les racines, le tronc, et au moins 97% (en nombres tués) de toute l’exploitation animale provient de l’agriculture animale et est directement due au fait que si peu de gens soient vegans. Les 3% restant de l’exploitation animale sont l’expérimentation, la chasse, les rodeos, les zoos, les cirques et la fourrure. Donc, que fait le « mouvement de protection animale » ? L’opposé de ce qui est logique. Au lieu de concentrer 97% de ses efforts sur l’éducation vegan, le « mouvement de protection animale » concentre 97% de ses efforts, via des campagnes ciblées, sur des réformes de bien-être et à essayer de réduire ou éliminer les 3 autres pourcents. Les 3% restant des efforts du « mouvement de protection animale » (en temps et argent) suggèrent tout bas du bout des lèvres de devenir vegan.
Nous devons inverser tout ça si nous voulons que les animaux cessent de vivre dans un enfer perpétuel et infini. Nous devons concentrer au moins 97% (préférablement 100%) de nos efforts sur l’éducation végane. Etre vegan n’est pas difficile. La nourriture est délicieuse et nourrissante de façon optimale.
Cependant, aussi délicieuse que soit la nourriture vegan, le plus important est que les animaux que nous abattons pour notre plaisir gustatif sont tout comme nous. Ils connaissent les mêmes plaisirs, mêmes douleurs, et désirs de confort et sécurité que nous. La seule différence est qu’ils n’utilisent pas de langage parlé ou écrit ou des symboles de pensées et de communication (ce qui n’implique PAS qu’ils ne communiquent pas efficacement de manière non-verbale) et cette différence de communication écrite ou parlée est complètement non-pertinente par rapport à la question morale de l’utilisation qu’on fait d’eux.
Compte tenu de nos similitudes et de notre parenté avec les animaux, ce que nous leur faisons et l’envergure de ce que nous leur faisons (53 milliards annuellement, dans le monde) est une atrocité pire que toute atrocité jamais commise par les humains dans l’histoire de notre espèce. Nous devons nous réveiller de ce coma moral en tant qu’individus et en tant que société.
L’essence de notre réveil de ce coma moral est de devenir vegan et de s’engager dans l’éducation végane. L’éducation végane implique tout, depuis les programmes à grande échelle sponsorisés et payés par nos plus grands groupes jusqu’à parler individuellement aux gens du véganisme durant notre vie. Nous devons mettre un terme au relativisme moral et à la timidité à tout niveau de notre action de sensibilité, sans être agressif ou ennuyeux. Nous devons promouvoir le véganisme sans ces espèces de publicités embarrassantes pour lesquelles PETA est bien connu. Quand le sujet du véganisme apparait, nous devons être honnête et sans équivoque dans notre contribution à ce sujet, ce qui revient à dire que nous voyons l’abattage d’animaux innocents tout aussi immoral que l’abattage d’humains innocents. Si les gens sont offensés par la comparaison animal-humain, c’est parce qu’ils sont les victimes d’une culture sociale énormément spéciste et acceptent l’anthropocentrisme comme dogme incontesté. Nous devons contester le dogme. Il faut que nous amenons soigneusement les gens à se questionner et à réfléchir à l’idée que les êtres non-humains sensibles sont identiques aux humains, quelles différences il y a, et qu’est-ce qui est moralement pertinent : les similitudes ou les différences. Si nous prenons une position impartiale, objective, il est flagrant que les similitudes sont moralement pertinentes et que les différences sont totalement non-pertinentes.
Pour plus d’information sur l’éducation vegan, cet essai est un bon départ.
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