(Traduction de l'article de Dan Cudahy et d'Angel Flinn, "Animal Cruelty: Who is to Blame?")
J’ai écrit cet article avec Angel Flinn, qui est directrice d'éducation pour Gentle World —une communauté d’intention vegan et organisation à but non lucratif dont l’objectif est d’aider à construire une société plus paisible, en éduquant le public par rapport aux raisons de devenir vegan, les bénéfices du véganisme, et comment faire la transition..
Cet article fut publié initialement le 23 septembre 2011 sur Care2.
-Dan Cudahy, auteur de Unpopular Vegan Essays
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Pour bon nombre d’entre nous qui sommes conscients des multiples façons dont les animaux souffrent aux mains des humains tout autour du monde, cette cruauté omniprésente est la question de justice sociale la plus importante d’entre toutes. Du dégriffage au débecquage, du découpage d’oreille à l’écourtage de queue, la souffrance que l’humain inflige aux êtres animaux utilisés pour la nourriture, pour l’habillement, pour la recherche, pour la compagnie et pour le divertissement ne semble pas avoir de limite, et les nombreuses façons brutales avec lesquelles nous forçons les animaux à succomber à nos désirs ne semblent être limitées que par la portée notre imagination.
Mais pourquoi est-ce que toute cette cruauté a-t-elle lieu ? Et que pouvons-nous faire par rapport à cette brutalité horrifiante en tant qu’individus ? Il est facile de pointer du doigt les agresseurs directs de la cruauté animale comme les vilains qui doivent être trainés en justice. Il est bien plus difficile – et pourtant bien plus significatif – de tourner cet œil critique vers soi-même et de se demander, ‘qu’est-ce que je fais pour contribuer à ça ?’ Mais c’est seulement en se posant cette question que le chemin vers l’émancipation de l’injustice barbare devient clair.
La grande majorité du temps, l’argent et les efforts des organisations de bien-être animal sont alloués pour développer de nouvelles lois et de nouveaux règlements pour répondre aux nombreux problèmes distincts relatifs à la cruauté animale, tout en essayant en même temps de forcer l’industrie à adhérer à ceux déjà en place. Comme expliqué dans "Est-ce que les campagnes anti-cruauté sont réellement efficaces ?", ces efforts échouent constamment à créer toute amélioration significative pour les animaux.
Derrière ces campagnes se trouve une hypothèse sous-entendue que l’industrie animale est responsable de la cruauté animale. Mais est-ce que cette hypothèse est justifiée ? L’industrie n’est-elle pas un simple intermédiaire mis en place pour faire le sale boulot demandé par les consommateurs de produits animaux ? Bien qu’il soit vrai que l’industrie animale soit un intermédiaire avide et agressif, son rôle est seulement celui d’un intermédiaire. De là, bien que les exploitants institutionnalisés aient certainement à répondre de leurs actes, ce sont les consommateurs qui sont principalement responsable de la cruauté animale via leurs achats de produits animaux.
Beaucoup de personnes répondront probablement que leur inquiétude n’a rien à voir avec les droits des animaux à ne pas être réduit en esclavage et tué, mais bien avec la brutalité excessive de l’industrie animale ; la violence gratuite par exemple, et la cruauté qui est infligée aux animaux avant d’être abattus et massacrés – débecquage, écornage, rognage des orteils, mulesing, castration, ablation de la queue, etc. Mais aussi longtemps que notre société continuera à traiter les animaux en tant que propriétés et marchandises économiques, notre système législatif continuera à accepter ce genre de mutilations comme un mal nécessaire pour fournir des biens et services à une population humaine grandement indifférente à ce qui est caché derrière les hangars et abattoirs lointains.
De toute façon, même si nous trouvions un moyen d’éliminer toute pratique impliquant des mutilations physiques, il est impossible de faire de l’esclavagisme et du meurtre autre chose que l’esclavagisme et du meurtre. Nous pouvons apposer des étiquettes fantaisistes sur les produits de la misère animale et les mettre en vente comme « élevé humainement », « compassion pour l’animal », « produit éthique » ou « sans culpabilité », mais l’abattage inutile reste l’abattage inutile, et aucune mesure de réglementation ne peut changer cela.
Il est compréhensible que des histoires individuelles de souffrance horrible donnent envie aux gens de rechercher les responsables, de les trainer en justice, et de protéger les victimes potentielles du même traitement. Mais pointer du doigt les exploitants institutionnels ignore le problème fondamental – que peu importe ce que le fournisseur fait en cours de route, la consommation de produits animaux requiert qu’on prenne la vie des animaux.
Comment pouvons-nous espérer une attitude moralement décente des gens à qui l’on demande de mener à bien la tâche de mettre au monde, enfermer et au final tuer et massacrer les animaux que nous choisissons de réduire en esclavage et de manger ? Ce sont des êtres innocents que la plupart des gens préfèreraient plus tôt caresser et câliner plutôt que leur faire mal et les tuer.
Il y a quelque chose de très injuste à propos du fait que nous déléguions le travail le plus obscène de notre société à un certain nombre de personnes assez fortes mentalement pour le mener à bien, pour ensuite les dénigrer par rapport à leur déconnexion de leur sens naturel de l’empathie. Quand on y réfléchit honnêtement, la plupart d’entre nous auraient beaucoup de mal si nous devions abattre un animal – ou arracher sa peau, ou découper son corps pour en enlever les entrailles, ou de taillader sa chair pour en faire des pièces de supermarché… Et pourtant, nous continuons à demander aux autres de le faire à notre place, alors que la plupart des gens refusent de simplement regarder cela en vidéo ou d’écouter d’autres personnes le décrire.
Mais notre dégout envers les êtres impliqués dans des actes si violents n’est pas quelque chose qui devrait être étouffé ou supprimé, comme Michael Pollan ou Julie Powell voudraient nous faire croire. Non – nous devrions être reconnaissants de la révulsion que nous ressentons lorsque nous imaginons ce qui arrive aux animaux à partir du moment où ils naissent jusqu’au moment d’arriver dans nos assiettes. Notre horreur est une réaction saine à des pratiques qui ne sont rien de moins qu’horribles.
Nous ne pouvons pas nous séparer de la dépravation simplement parce que nous avons trouvé un moyen d’éloigner les tâches ingrates de notre vue – derrière les murs des abattoirs et autres bâtiments obscurs. Et toute la déconnexion et indifférence dans le monde ne peut pas changer le fait qu’il soit impossible de distinguer l’immoralité d’une approche à la Pollan de l’immoralité de tout autre acte de violence dispensable.
Dans n’importe quelle cour de justice, ceux qui sont complices d’un crime sont considérés tout aussi responsables que ceux qui l’ont exécuté.
Comme exprimé de manière si éloquente par Ralph Waldo Emerson,
“Vous venez de diner, et quand bien-même l’abattoir scrupuleusement dissimulé dans la gracieuse distance des kilomètres, il y a complicité. »
Angel Flinn est directrice de Outreach for Gentle World — une communauté d’intention vegan et organisation à but non lucratif dont l’objectif est d’aider à construire une société plus paisible, en éduquant le public par rapport aux raisons de devenir vegan, les bénéfices du véganisme, et comment faire la transition.
Dan Cudahy est l’auteur de Unpopular Vegan Essays: essais impopulaires concernant la violence populaire infligée aux innocents.
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