jeudi 3 novembre 2011

"Pauvre bête"

(Cet article a été édité le 24 octobre 2012)

Ce vendredi aura lieu l'Aid El Kebir, l'une des fêtes les plus importantes pour le monde musulman, pour laquelle un animal innocent, généralement un mouton, sera égorgé dans les pires souffrances au nom d'une tradition ancestrale et irrationnelle.

Beaucoup de personnes s'indigneront de cette tradition jugée barbare ou préhistorique (à raison) car des animaux souffriront et mourront inutilement.

Mais dans notre société, nous oublions bien vite nos propres traditions. Notamment celle qui consiste à consommer des produits animaux dans notre vie de tous les jours. Elle est tellement ancrée en nous que nous ne la remettrons probablement jamais en question, on trouve cela tout à fait normal d'utiliser et d'abattre des animaux pour notre consommation journalière.


Or notre tradition est tout aussi préhistorique et barbare que l'Aid El Kebir dès lors qu'un régime alimentaire végétalien suffit à n'importe quel être humain pour être en bonne (meilleure) santé. Il n'a jamais été aussi facile qu'aujourd'hui d'être vegan mais ironiquement, très peu de personnes remettent en question cette tradition et beaucoup rejettent le veganisme, le qualifiant d' ''extrême". Le végétarisme est plus ou moins toléré.

Dans notre société actuelle, nous utilisons et abattons des dizaines de milliards d'animaux chaque année pour notre seul plaisir gustatif et rien d'autre, parce qu'on trouve qu'ils ont bon goût. C'est une tradition, une habitude. Mais paradoxalement, tout le monde s'accorde pourtant sur le fait qu'il est moralement inacceptable d'infliger mort et souffrance à un animal non-humain si ce n'est pas nécessaire : les gens s'offusquent par exemple de la corrida et rejettent cette tradition où un animal souffre inutilement pour le plaisir des spectateurs.

Les gens crient également au scandale quand on découvre qu'un propriétaire de chien organise des combats, lorsqu'on massacre des phoques sur la banquise ou lorsque des baleines sont tuées.

Et pourtant, tous les jours, nous trouvons ça tout à fait moralement acceptable d'utiliser et d'ôter la vie à des animaux innocents pour notre simple plaisir gustatif, celui de notre palais, un plaisir en soi moralement identique à celui de l'homme qui bat son chien ou à celui des amateurs de corrida: il n'y a aucune différence entre la mise à mort d'un animal pour le spectacle et la mise à mort d'un animal pour la consommation à partir du moment où ce n'est pas nécessaire, les deux pratiques ne sont aucunement indispensables à l'homme et sont bel et bien à classer dans la catégorie "plaisir".

Dans l'exemple humain, ça reviendrait à s'accorder sur le fait qu'il est moralement injustifié d'infliger des souffrances non nécessaires aux enfants, mais que battre les enfants pour le plaisir est moralement acceptable.

Et bien, en consommant des produits animaux, nous sommes tous des personnes qui battons leur chien ou qui aimons la corrida. En allant au cirque avec animaux, en portant du cuir, de la laine, de la fourrure, en buvant du lait, en consommant des oeufs, nous marquons tous notre accord sur le fait qu'il soit moralement acceptable d'utiliser et d'infliger la mort à des êtres vivants innocents  pour nos simples plaisirs triviaux.

En consommant des produits animaux, nous marquons notre accord avec ce qui se passe dans les abattoirs, qui ne sont pas plus différents d'un abattage rituel. Juste moins pire: les ratés sont courants, le rythme d'abattage est élevé et des animaux sont égorgés et dépecés alors qu'ils sont entièrement conscients de ce qui leur arrive. Les abattoirs sont un véritable enfer sur terre pour ces êtres innocents, un lieu de terreur, d'horreur et de mort. On les force à y entrer et ils en ressortent en petits morceaux. Aucun animal ne veut mourir.

En consommant des produits laitiers, nous marquons tous notre accord sur le fait qu'une vache soit inséminée artificiellement chaque année contre son gré, dans le but de produire du lait. Nous marquons notre accord sur le fait que dès que le rendement de la vache ne sera plus optimal, une mère sera envoyée à l'abattoir, parfois enceinte. Nous marquons notre accord sur le fait que le veau mis à bas pour produire du lait ne goutera pas une seule goute du lait maternel et sera envoyé à l'abattoir pour se retrouver dans notre blanquette de veau. Nous marquons notre accord pour refuser aux animaux le simple droit de vivre libre, sans être utilisés, pour notre simple plaisir.


Si vous êtes contre toute forme d'exploitation animale, si vous estimez que les animaux ne doivent pas être utilisés et abattus si ce n'est pas nécessaire, si vous voulez marquer votre désaccord, si vous êtes pour la non-violence... alors la seule option morale cohérente est de devenir vegan: c'est l'option moralement juste et c'est quelque chose de facile. Qui plus est, ce sera bon pour votre santé et pour l'environnement.

(Environ 600 moutons sont morts inutilement dans les abattoirs le temps que vous lisiez cet article)

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