mardi 28 février 2012

[Traduction] Sur les vegans ‘sermonneurs’ et ‘dogmatiques’

(Traduction de l'article de Maya Shlayen, "On Preachy and Dogmatic Vegans")


Lorsque les vegans essayent de discuter d’éthique animale avec des non-vegans, nous sommes souvent rejetés car étant moralisateurs ; on nous demande de ne pas imposer « notre » moralité aux autres, comme si la moralité était quelque chose de personnel dont seuls certains individus peuvent se réclamer. Au plus nous sommes cohérents par rapport au fait de ne pas participer à l’exploitation animale, et au plus nous discutons de ce problème – qu’importe si nous sommes polis – au plus nous sommes dénigrés comme étant ‘absolutistes’, ‘intolérants’, ‘vegangéliques’, etc.. On nous bassine sur la prétendue nécessité de modération sur la question animale.

Mais pourquoi les vegans ne devraient-ils pas discuter avec les non-vegans de la participation de ce dernier groupe à quelque chose qui peut tout à fait être immoral ? L’éthique animale, après tout, n’est pas différente de tout autre aspect fondamental de la moralité – utiliser des non-humains comme moyens pour nos fins est soit juste soit immoral. Cela ne peut être une question de préférence ou de culture personnelle pas plus que tout autre problème basique impliquant des humains. Après tout, personne ne pense que l’esclavagisme humain, le viol, l’attouchement sur mineurs, ou la violence conjugale soient des questions d’opinion personnelle ou de préférence. Traiter la question animale différemment est simplement spéciste. [En français]

Le fait que les humains aient exploités des non-humains depuis longtemps – tellement longtemps, en réalité, que nous prenons ça comme acquis, comme étant l’ordre “naturel” des choses – n’excuse pas que nous continuions à le faire. Tout comme la vérité scientifique, notre compréhension de la vérité morale est en constante évolution. De nouvelles preuves et considérations sont portées à notre attention, nous demandant de réévaluer nos suppositions par rapport à nous-même et au monde dans lequel nous vivons. Nous savons maintenant, par exemple, que les humains peuvent subsister par un régime alimentaire végétal [En français], et nous avons développé des alternatives acceptables à l’habillement et la fabrique animale. Donc, continuer à exploiter des animaux revient, à ce stade, à infliger de la violence inutile aux animaux – chose avec laquelle toute personne raisonnable conviendra que ce n’est pas souhaitable. Il incombe à ceux qui participent à la violence inutile de justifier pourquoi ils le font. On ne demande pas aux non-violeurs d’expliquer pourquoi ils s’abstiennent de participer à la violence inutile ; on ne devrait pas non plus demander cela aux vegans.

Orienter la discussion en termes de vegans étant ‘dogmatiques’, ‘fondamentalistes’, ou ‘vegangéliques’ revient à oublier que, contrairement aux dogmes religieux, le véganisme – et les droits des animaux – peut être défendu sur une base rationnelle. Et si l’utilisation animale est injuste, alors il serait assez irresponsable que nous n’en parlions pas. Ceux qui dénoncent les vegans « imposant leur morale » aux non-vegans s’arrêtent rarement pour réfléchir à leurs propres actions quotidiennes imposant souffrance extrême et mort aux animaux, ainsi qu’une dégradation extrême de l’environnement.

Compte tenu de l’omniprésence du spécisme dans notre société, et du fait que la plupart des gens n’ont pas eu la chance de considérer le véganisme comme norme minimale de décence, les vegans devraient éviter de juger les non-vegans personnellement. Mais juger les actions n’est pas la même chose que juger les personnes. Tout ce « tu n’as pas à me juger » est une tentative narcissique, à peine voilée, de détourner l’attention de ce qui est réellement en jeu par rapport à ce problème – la violence massive infligée à des individus vulnérables, non-humains qui, comme nous, ne connaitront ou n’expérimenteront rien de plus précieux que cette vie, ici et maintenant.

Maya Shlayen

4 commentaires:

  1. Très bon article ! Merci pour la traduction.

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    1. J'ai remarqué que tu aimais bien les articles de Maya :D

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  2. Bonjour,
    Je viens de découvrir ton blog. génial ! Je vais essayer petit à petit de lire tous les articles depuis l'origine.
    Eliane, 63 ans, végane.

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