lundi 20 février 2012

[Traduction] Une question de vie et de mort.

 (Traduction de l'article de Dan Cudahy et d'Angel Flinn, "A Matter of Life and Death)

J’ai écrit cet article avec Angel Flinn, qui est directrice d'éducation pour Gentle World —une communauté d’intention végane et organisation à but non lucratif dont l’objectif est d’aider à construire une société plus paisible, en éduquant le public par rapport aux raisons de devenir vegan, les bénéfices du véganisme, et comment faire la transition..

Cet article fut publié initialement le 31 décembre 2011 sur Care2.

-Dan Cudahy, auteur de Unpopular Vegan Essays
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Ces dernières années, le débat par rapport au bien-être des animaux s’est centralisé sur certains cas spécifiques de souffrance flagrante, avec un fort accent sur certaines pratiques et procédés perçus comme causant des douleurs extrêmes, incluant le confinement intensif, les mutilations corporelles, et la torture physique et psychologique.


Cet accent sur des violations spécifiques de bien-être a donné lieu à un phénomène intéressant : l’attention du public a été détournée de la question principale impliquée dans l’exploitation économique d’êtres sentients, qui est la marchandisation de leurs vies mêmes.

En d’autres mots, la direction actuelle du débat a masqué la question fondamentale de savoir s’il est immoral, ou moralement indéfendable, de prendre la vie d’un autre être sentient pour quelque raison que ce soit excepté par autodéfense ou par compassion envers un individu qui souffre gravement d’une maladie en phase terminale ou d’une blessure fatale.

Voilà la raison pour laquelle l’industrie animale se définit elle-même en tant que bastion de ’la mort et du démembrement éthique’. Dans ce nouveau territoire du double langue de l’esclavagisme animal, on attend des consommateurs qu’ils croient aux allégations perverses et plus fréquentes que jamais de ’l’élevage heureux’ ; la prolifération de sites d’exploitation animale dans lesquels les victimes sont si contentes par rapport à leur situation qu’elles offrent joyeusement les produits de leurs corps, et sont ensuite heureuses d’aller vers leur mort au côté de gentils oppresseurs en qui elles ont entièrement confiance.

Mais cet absurde schéma de marketing ne trahit-il pas fondamentalement quelque chose qui est fermement ancré à l’intérieur de chacun d’entre nous – le fait de savoir que les autres animaux, tout comme les animaux humains, tiennent à leur vie et ne veulent pas mourir ?

Mis à part l’exception (pour certaines personnes) de la violence de la guerre, et l’exécution de criminels violents réputés moralement incorrigibles, la grande majorité d’entre nous est d’accord qu’il est incontestablement immoral de tuer inutilement un membre de notre propre espèce (excepté dans de véritables cas d’euthanasie, ce qui est une question hautement sensible et reste illégal dans la plus grande partie du monde).

Nous considérons le fait de tuer des humains comme étant immoral peu importe les capacités cognitives individuelles, la capacité morale, la santé mentale, le sexe, la race, la nationalité, l’âge ou l’orientation sexuelle. Ca n’a pas d’importance si la personne en question est en phase terminale de démence, malade psychologiquement, gravement attardée ou un génie de productivité – nous croyons que c’est sérieusement immoral dans tous les cas. Si nous considérons un cas comme étant particulièrement grave, c’est souvent dû à la vulnérabilité de l’individu, pas aux caractéristiques mentales ou morales qu’il ou elle pourrait posséder.

Par contraste, la majorité d’entre nous agit comme s’il n’y avait absolument rien d’immoral par rapport à l’abattage inutile d’un membre d’une certain autre espèce d’êtres sentients. Mais quelle base rationnelle avons-nous pour une telle contradiction dans notre perception ? Quelle qualité trouve-t-on dans tous et seulement les humains qui pourrait possiblement pointer vers la conclusion que les vies des autres animaux ne sont pas importantes ?

L’intelligence ou la capacité morale comme critère rendraient les vies de millions d’humains (comme certains individus souffrant de démence, les handicapés mentaux, et les nourrissons) également extensibles. Parmi les humains et les animaux non-humains, les traits tel que l’intelligence et la capacité morale existent dans une continuité se chevauchant, rendant arbitraire toute délimitation par rapport à la question.

Mais même si il y avait seuil distinct par rapport à certains critères tel que l’intelligence ou la capacité morale, est-ce que cela aurait de l’importance lorsqu’il s’agit de l’intérêt d’une existence continue et de ne pas être tué inutilement ? Lorsque nous nous arrêtons et y réfléchissons, une telle distinction n’aurait pas la moindre importance. C’est parce que, tout comme les yeux sont suffisants pour un intérêt à continuer à voir, et les oreilles sont suffisantes pour un intérêt à continuer à entendre, la sentience seule – la capacité à expérimenter sa propre vie – est suffisante pour un intérêt à une existence continue.

Il fut suggéré par certains qu’un concept de mort, de plans pour le futur, ou un intérêt à une certaine forme d’activité continue est nécessaire pour un intérêt à continuer à vivre. Mais encore une fois, si c’était le cas, comme expliqué ci-dessus, beaucoup d’humains n’auraient pas non plus d’intérêt à une existence continue.

Note : une analogie à un contrat légal est utile pour expliquer pourquoi la sentience seule, plutôt que n’importe quelle conception du futur, est le critère nécessaire et suffisant. Les contrats légaux sont souvent complexes et contiennent des termes et significations inconnues pour les personnes qui ne sont pas juristes. Suggérer qu’un individu doive comprendre conceptuellement le futur afin d’avoir un intérêt à une existence future revient à suggérer qu’une partie par rapport à contrat doive comprendre conceptuellement une clause nuisible afin de ne pas lésé par cette clause. Mais nous savons que nous pouvons être lésés par des clauses dans des contrats légaux que nous ne comprenions pas en signant le contrat. De manière similaire, il est évident que les non-humains sentients (tout comme les humains sentients de capacité mentale limitée) peuvent être lésés en étant abattus même s’ils n’ont pas une compréhension de leur futur ou de leur mort en tant que question abstraite, conceptuelle.

En fait, ne serait-il pas juste de dire qu’une mort prématurée des mains d’un autre est, avec la possible exception de grave torture, l’infliction ultime du préjudice ? Même une mort rapide et réellement sans douleur prive un individu de la chance d’expérimenter sa vie, de n’importe quelle capacité, jamais plus. Il va alors de soi que, si nous pensons que les animaux autre que les humains devraient être protégés de tout mal dispensable, ils devraient être protégés d’un abattage inutile. Puisque les raisons de notre société pour utiliser des animaux sont basées sur la coutume et la commodité, et sont, en fait, toutes inutiles, nous n’avons aucune base sur laquelle justifier la continuation de telles pratiques archaïques et barbares.

Il est aisé de voir que si la mort est néfaste pour les humains sentients, peu importe leur intelligence ou autres capacités, alors elle doit aussi être néfaste pour les non-humains sentients, peu importe leur intelligence ou autre capacités. Lorsque des personnes considérant les vies et les morts humaines comme étant importantes sont prêtes à rejeter l’importance des vies et des morts des animaux non-humains, elles font une distinction arbitraire basée sur un préjugé spéciste, de la même manière que les racistes ou les sexistes rejettent arbitrairement les intérêts importants de groupes minoritaires ou des femmes.

Lorsque nous faisons un effort sincère et honnête pour nous placer dans la position d’un autre être sentient, il est très facile de voir pourquoi nous devrions respecter leur vie, peu importe leur espèce ou autre caractéristique qu’ils possèdent. Comme nous, ils veulent être heureux, en bonne santé, libre de tout préjudice, et profiter de ce qu’ils ont de plus précieux : leur vie même.


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